Clotilde Trouillaud est musicienne et professeur de harpe au conservatoire de Pontivy et à Breizh Music. Rencontre avec une harpiste qui a su casser les codes et sortir des sentiers battus.
Harpiste renommée dans le monde de la harpe celtique et de la musique bretonne, Clotilde Trouillaud a été la première à collaborer avec Breizh Music en enregistrant 40 cours de harpe bretonne pour les abonnés de Breizh Music. Elle y alterne mélodies, marches et danses et s’accompagne régulièrement du chant pour dispenser ses cours.
Comment es tu arrivée à la harpe celtique ?
C’est très simple en réalité. Ma sœur prenait des cours de harpe celtique avec Brigitte Baronnet pendant que toute la famille Trouillaud faisait partie du cercle de Châteaubriant (44). J’ai donc découvert la harpe à cette époque et c’est à l'âge de huit ans que j’ai commencé à prendre des cours moi aussi avec B Baronnet et ce jusqu’au bac donc mes 18 ans.
A partir de là, j’intègre le conservatoire de Nantes. Je prends des cours avec Christophe Caron pour la partie traditionnelle et Catherine N'Guyen pour les cours de harpe. Je sors avec mon DEM (Diplôme d’études musicales) en poche.
Ensuite, je donne des cours de harpe tout d’abord en Loire-Atlantique et en Ille et Vilaine puis enfin dans le Morbihan.
Comment sont nées les Fileuses de nuit ?
C’est une aventure qui commence au conservatoire en 2001 puisque nous avions l’habitude de répéter ensemble. Et ensuite, on a continué à se voir parce que nous étions de bonnes copines (et c’est toujours le cas) et qu’on passait du bon temps ensemble à jouer.
Avec les Fileuses, nous avons enregistré deux albums. Le premier « trio de harpes » est épuisé et le second est arrivé en 2008 qui s’appelle « En caravane » avec beaucoup de compositions. (2008, Distribution Coop Breizh)
C’est un trio qui a marqué car beaucoup de personnes qui me rencontrent me demandent « Alors quand est ce qu’on va réentendre les fileuses ? »
https://www.coop-breizh.fr/taxonomy/item/30000368-les-fileuses-de-nuit
Et parle nous un peu de l’aventure Sylbat
Avec Sylbat, c’est totalement différent. L’histoire commence à la demande du festival Roue Waroch de Plescop qui me donne carte blanche pour l’occasion.
Je n’avais pas envie d'une formule acoustique et je voulais faire un concert avec des musiciens du pays. J’ai donc demandé à Hilaire Rama (basse), Patrick Boileau (batterie) et Hélène Brunet (guitare) de me rejoindre. J’ai apporté les thèmes et j’ai demandé à Patrick de faire les arrangements. Sylbat est au carrefour du rock et de la musique progressive, la harpe électro répondant à la guitare électrique.
On a fait tous les gros festivals, des vieilles charrues en passant par Quimper , Marseille ….
On a enregistré un album : « Mara » (2008, Distribution Keltia Musique).
Vient alors le temps de « Solo » et de “Lune bleue” ?
J’avais envie de continuer seule pour faire ce que j’avais envie de faire. Des compositions que j’avais en moi depuis longtemps et qui devaient sortir. J’ai adoré faire cet album qui est sorti en 2011. Cela m’a permis aussi de gagner en notoriété et de me faire mieux connaître.
C’est un exercice aussi qui m’a obligé à beaucoup travailler pour chercher la perfection. C’est une approche totalement différente qui demande de la rigueur et du travail.
Puis tu décides de créer un trio guitare, batterie et harpe. Pourquoi ?
Sans doute parce que j’aime bien casser les codes et faire apparaître la harpe sous de nouvelles sonorités.
Avec Erwan Berenguer à la guitare électrique et Jean Marie Stéphant, batteur de jazz, nous avions envie de donner de nouvelles couleurs à mes compositions. Un peu plus jazzy, un peu plus swing et un peu plus rock aussi.
Nous avions préparé une tournée en 2020 et le Covid nous est tombé dessus donc nous avons dû tout annuler. Depuis, nous avons joué dans beaucoup de festivals en Bretagne, en Irlande, Sardaigne, Galice et Ecosse.
Il faut encore jouer ce répertoire car il n’a pas assez tourné. Il s’agit d’un mariage entre la harpe acoustique, la guitare et la batterie et les gens ne sont pas encore habitués à cette formule. Mais l’accueil est très chaleureux et le public ressort ravi à chaque fois.
https://www.coop-breizh.fr/8060-cd-lune-bleue-trio-indigo-3359340161894.html
https://www.klam-records.net/product-page/the-other-road-lune-bleue-trio-kr13
Et en parallèle tu continues à mener de nouveaux projets ?
Oui parce que j’aime bien, comme tout artiste, être sur scène et jouer pour un public. Et j’aime aussi la diversité des projets ainsi que les rencontres musicales.
J’ai ainsi eu la chance de pouvoir travailler en résidence avec l’accordéoniste Erwan Tobbie et la célèbre chanteuse péruvienne Sylvia Falcon, soprano qui chante en quechua, très connue pour défendre sa langue natale au Pérou. Nous sommes partis plusieurs jours au Pérou pour jouer dans divers endroits dont un concert mémorable au grand théâtre de Lima pour fêter les 100 ans de la naissance de la grande chanteuse Yma Sumac.
Je mène aussi un autre projet “An hent treuz” avec Marie Berardy au chant, Fabien Robbe au piano et à la trompette et Jérôme Gloaguen à la batterie. C’est un voyage sur les routes tordues de Bretagne, voyage physique et spirituel, au confins des cultures de Bretagne et d’ailleurs. Nous serons au Festival Interceltique de Lorient le 10 août 2023.
Robbe/Gloaguen (piano/drums) Little song
Mais je n’oublie pas non plus de jouer en solo, avec ma fidèle harpe galloise. J’ai programmé cet été une tournée en acoustique dans les chapelles de Bretagne.