Lorsque l’on parle de musique bretonne, la clarinette n’est pas l’instrument qui vient immédiatement à l’esprit. Et pourtant, la Bretagne est une terre de sonneurs de clarinette, souvent méconnus.
Une pratique déjà ancienne
L’usage de la clarinette en Bretagne est assez courant dès le début du XXème siècle. On ne joue pas partout de la clarinette et on repère des sonneurs essentiellement dans l’est de l’Ille et Vilaine et dans le Centre-Bretagne.
C’est ici même, dans une zone constituée du Trégor, de la haute Cornouaille, du pays de Loudéac et de l’est du Mené que se concentre la tradition de sonneurs de clarinettes.
Dans le Trégor, la pratique de la clarinette est à l’image du violon et de la vielle, très présente jusqu’à première guerre mondiale. Ensuite, comme un peu partout, l’accordéon fait son apparition et supplante la clarinette.
Le Centre Bretagne constitue le vrai vivier des sonneurs de clarinettes. C’est l’instrument roi entre la moitié du XIXème et du XXème siècle. Sa pratique est très populaire et on continue aujourd’hui à beaucoup jouer de la clarinette dans le pays de Loudéac.
La particularité de la clarinette est aussi de pouvoir reproduire les techniques de chant du Kan ha diskan, raison sans doute d’une partie de son succès.
Treujenn gaol ou Tronc d’chou
Nommée Treujenn Gaol en pays bretonnant et Tronc d’Chou en pays gallo, la clarinette n’a pas toujours été l’instrument de type Boehm à 24 clés utilisé par tous les musiciens d’aujourd’hui. Au début du XXème siècle, beaucoup de clarinettes ne possédaient que 13 clés (voire moins). La particularité de ces clarinettes était qu’elles étaient de tempérament inégal, c'est à dire que les écarts entre les notes ne correspondaient pas exactement à un ton ou un demi-ton. Et cela était plutôt la norme en Bretagne. Il faut écouter Marie Joseph Bertrand au chant pour bien le comprendre.
Or, la clarinette à 24 clés est de tempérament égal. Il faudra attendre l'après-guerre pour que ce type de clarinette s’impose aussi en Bretagne.
La clarinette est un instrument à perce cylindrique. On dit aussi qu’elle quintoye donc les notes à l’octave ne sont pas la reproduction du doigté dans les graves, contrairement à la bombarde ou au saxophone.
Sonneurs de clarinette en Bretagne
Tel est le nom d’un CD d’anthologie édité par Dastum. On y retrouve des enregistrements de sonneurs traditionnels de Bretagne qui ont fait et font encore vibrer les danseurs et pleurer les mariées.
On y retrouve des sonneurs disparus comme Iwan Thomas, Félix et Hyacinthe Guégan, Yves Leblanc ou encore Eugène Gicquel.
Mais aussi Christian Duros, Dominique Jouve, Erik Marchand, Olivier Urvoy ou Goulc’hen Malrieu qui continuent à écumer les festoù noz du kreiz Breizh.
Marches, mélodies et danses de haute et basse Bretagne illustrent cet opus d’exception.